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Puits sans bruit

Cela fait tant de temps que j’endure minablement de manière éperdue cette nuit qui perdure et qui perdure interminablement, enchaîné aux rebutantes chaînes de la haine, au profond puits de tous ennuis semblant sans fond, où tout autour se trouvent d’exquis coupants cristaux, mais aucun faisceau de luminosité pour m’en exalter. Toujours après toutes ces innombrables nuits sans bruit, sauf ces puissants bruits de mon esprit, sans la moindre idée par quelle possibilité je puis m’en carapater. À quoi me servent ces yeux si je n’ai la capacité de contempler ce qui m’entoure? Ces bras, si ce n’est que pour être enchaîné à un mur? Cette bouche si je ne peux la partager avec quoi que ce soit? Ce nez, si ce n’est que pour flairer le même air? À quoi me servent-elles, ces oreilles, si je ne peux ouïr que mon esprit inapaisable? Et mes jambes, au bout desquelles se trouvent mes orteilles, incapables de toucher la terre? Mon esprit, sans vie, où il y a toutes sortes de jolies fleurs, que je n’ose cueillir, même si tout autour de moi il ne s’y en trouve pas une seule? J’en ris, j’en pleure, tout seul, quoi d’autre faire de toutes ces douleurs qui me sont accablées? Désarmé des sens je ne suis plus qu’armé d’essence, seul instrument avec lequel je peux me livrer au combat contre le véhément sentiment vide de sens, afin de m’en délivrer. Il y a quelque nombre inconcevable d’autres appuis imaginables mais pas un seul autre que les chaînes de la haine, ici, en cet esquintant puits asséché. Tout ce que j’y souhaite est hors de ma portée. Je fabule à propos des probabilités qui sont hors de cette réalité, qui ne sont qu’improbabilités en réalité. Voici la raison pour laquelle je suis ici, au fond de cet insipide puits. Je n’ai d’autre choix que de par l’éternité me laisser transporter, la seule entité qui puisse hors de cet éreintant puits, loin des cités, m’emporter. Merci de m’épargner de l’immortelle ignominie, de ton impétuosité, toute chère amie tueuse de toutes chairs.


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