Cri du coeur de pomme

Coeur dont la plupart des gens n’a pas envie de croquer, car il est plus commodément agréable de récolter plutôt que de semer, comme il est plus complaisant de rêvasser d’être aimé plutôt que d’aimer, et ses revêtements extérieurs si sublimes lui donnent un aspect inférieur à là où se trouvent les graines. Pourtant, grâce à en semer ses graines, il serait possible d’en récolter encore plus grâce à un peu d’effort et de patience. Coeur, qui est méprisé par sa semblante infériorité, ne valant pas la peine ni le plaisir d’être délecté, qu’on rejette, comme aux oubliettes, voué à pourrir, à nourrir bêtes et insectes qui mordent et qui piquent, complices coupables de ce qui vous rebutent, que vous attirez, que vous tentez d’éluder et que vous condamnez du même fait sans même le savoir. Paresse pardonnable par son allure ainsi que sa texture malmenantes. L’apparence inférieure du coeur de pomme hébète l’homme. Là où se trouve sa plus grande richesse induit à l’erreur par sa texture moins alléchante n’a nulle autre d’inférieur à ses vêtements, au contraire. Sa foisonnante beauté est du fait, certes, plus demandante à parvenir à apprécier mais rapporte maintes fois plus que son contraire si nous lui accordons ce que ce contraire ne mérite pas moins: amour, compassion et efforts. Il est inéluctablement nécessaire de semer afin de récolter. Rien n’est pire aux oreillettes de ces coeurs que vos soupirs désintéressés au point de délaisser leur volupté dans la négligence. Nourriciers de vos propres désespoirs, ne préféreriez-vous pas être nourriciers d’espoir de milliards, ne voulez-vous pas voir ces pommiers fleurir et donner fruit à ce qui vous est de plus aimable, plutôt qu’aux bestioles? Ces affables, dévoués, indulgents coeurs d’une indicible bonté, sensibilité, ne demandent qu’une légère réciprocité afin de leurs donner la possibilité de donner infiniment plus encore d’amour à leurs tours. Imaginez la joie sur les visages de ces enfants si affamés qui s’empiffrent de ces pommes, surégayés d’apercevoir sous les bouts ronds et roses de leurs doigts ce côté incroqué. Cessez d’être vaniteux pour si peu, ayez pitié pour le monde, ainsi, trouvez-y fierté, retrouvez-y humilité, et prenez soin de maintenir l’amour toujours plus grand que la fierté, ainsi cri le coeur de pomme.